Jean-Robert BUHOT
Rédigé par admin 7îles 2000 - -Jean-Robert BUHOT, commandant du fort des Sept-Iles. (1760-1828) Par Annie Blanc,
Illustration : Collection J.Salembier, avec son aimable autorisation.
Les officiers, et ils furent nombreux, qui séjournèrent aux Sept-Iles, dirigeant la garnison qui y résidait, s'appliquèrent à n'être que de passage sur l'île aux moines. L'isolement insulaire des troupes était aggravé par les fréquentes tempêtes rendant aléatoires les traversées vers Perros ou Trégastel. La surveillance des convois marchands ou militaires qui croisaient au large n'occupait pas, tant s'en faut, tout le temps des militaires. L'Anglais ne paraissait point menaçant dans les parages comme lors de sa venue sur l'île Bono en 1778. Et après la paix d'Amiens signée en 1802, les vaisseaux de sa Gracieuse Majesté n'étaient plus considérés comme ennemis, malgré la méfiance atavique de la garnison à leur endroit. L'inactivité partielle engendrant l'ennui et les intrigues poussait les officiers à solliciter au plus vite une mutation sur la terre ferme. C'est pourquoi la longévité exceptionnelle de la présence aux Sept Iles du commandant Jean-Robert Buhot est remarquable. Il y restera de janvier 1798 à sa retraite en 1828 à l'âge de 68 ans, malgré deux très brefs séjours sur l'île de Batz et au fort Cigogne. Il s'employa énergiquement à toujours revenir dans son cher fort de l'île aux Moines au pied duquel il aimait à pêcher. (1) Nous avons retrouvé ses états de service avec une abondante correspondance dans le fonds d'archives privées d'un château. Il commença sa carrière sous l'Ancien Régime, dans le corps des Douanes où il franchit tous les grades de 1777 à 1791. En 1792, nous ne savons comment, il devient garde du corps de Louis XVI l'escortant dans l'effondrement de la monarchie, jusqu'à son emprisonnement au Temple. En 1793, avec prudence, il mit de la distance entre Paris en fureur et sa personne. Il accepta du Ministre de l'Intérieur la surveillance des côtes maritimes de la Manche et du Calvados. Au début de 1795, en Ventôse An III, il devint capitaine des côtes maritimes de la Manche et ce, jusqu'en Frimaire An VI (1797). Le 13 Nivôse An VII (2 janvier 1798) il fut promu Commandant temporaire de la place des Sept-Iles. L'Anglais rôdait partout et il fallait assurer la protection des navires chargés de blé qui ravitaillaient Brest et la marine.Le 26 Germinal An VIII (16 avril 1800) nous le retrouvons adjudant capitaine de 1ère classe, commandant des Sept-Iles. Il défendit avec énergie la garnison, demandant des hommes supplémentaires pour la garde de l'île Bono, réclamant de l'armement, s'inquiétant pour l'enlèvement prévu de la poudre et des munitions après la paix d'Amiens. Il démontrait inlassablement et avec conviction la nécessité et la viabilité de la garnison et du fort dans le dispositif de défense de nos côtes face à l'ennemi héréditaire de toujours. Le commandant Buhot fit montre d'un soutien inconditionnel à l'Empire. A ses soldats du fort, il fit de nombreuses proclamations dithyrambiques à l'occasion, par exemple, de l'anniversaire de Napoléon chaque 15 Août et aussi à la naissance du Roi de Rome en 1811. Cela ne l'empêcha pas, la royauté revenue en France, de rallier la monarchie. Il demanda et obtint sa nomination comme chevalier de l'ordre royal et militaire de St Louis. Sans doute excipa-t-il de ses services auprès de Louis XVI aux Tuileries. Il fut reçu comme chevalier de l'ordre par Pierre Barboteau en possession de l'ordre de St Louis et de la Légion d'Honneur, lors lieutenant au 5ème régiment d'infanterie légère en garnison au fort des Sept-Iles. La cérémonie et la promesse du récipiendaire se déroulèrent à l'île aux Moines en présence de la garnison le 24 mai 1821. Marié et père de deux enfants, il eut un fils qui fit sa fierté. Ce dernier, garde du corps de SM Louis XVIII, compagnie Grammont, fit la campagne d'Espagne avec son Altesse Royale le Prince Généralissime pendant plusieurs mois. Il fut décoré de l'Ordre Royal par Sa Majesté le Roi d'Espagne en personne "pour le récompenser de la bonté de ses services et sur la désignation de ses chefs dont il est honoré de l'estime" comme le souligne l'heureux père. Toujours commandant aux Sept-Iles en 1824, il fut proposé par erreur pour la retraite. Il ne la prit qu'au 1er janvier 1828 et toucha 1140 francs annuels en quatre trimestres payables par le vecteur d'un notaire, en l'occurrence Me Huon à Lannion. De Jean-Robert Buhot, nous ne savons plus rien. Il perçut sa pension quelques années puis vraisemblablement mourut dans l'indifférence et l'anonymat.
(1) sur le rocher appelé depuis le rocher du Commandant
Proclamation aux "frères d'armes" à l'occasion de la naissance heureuse de notre Auguste Empereur
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Que devaient penser de Tyr et de Scipion les braves soldats tenus de s'assembler pour ouïr la harangue du chef ?
Je connais certains hommes politiques qui aimeraient bien que l'on parlât d'eux en ces termes…
La faiblesse de l'orthographe et de la ponctuation est à mettre sur le compte du sieur Buhot
Annie Blanc